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Véronique Sanson poursuit son embellie, chronique de RFI

Publié le par ali-net

 "Boostée par l'immense succès de sa précédente tournée Les Années américaines, Véronique Sanson démontre qu'elle a retrouvé toute sa splendeur avec Dignes, dingues, donc... Ce quinzième album de la chanteuse est le plus éclatant, le plus éclaté et le plus riche depuis longtemps. 

Rien n'aura été fixé, rien aura été chevillé au sol avec elle, Véronique Sanson et ses multiples vies. Des conquêtes, des errances, des renaissances. Femme de paradoxes. Libre et vulnérable, déterminée et sûre de rien. Tout participe au même voyage, à la traversée des embûches et des triomphes. En résonance toujours, des chansons. 

Elles disent le mal qu'on éprouve à vivre et, dans l'instant suivant, la joie surgissant sans prévenir. Elles disent aussi que les jours peuvent être chargés de promesses, comme noyés de gris. Elles passent de l'ensorcellement de l'amour à la douleur de l'absence. Un répertoire majeur et essentiel, mélancolique et accueillant. L'incontestable aura d'une artiste avant gardiste a pulvérisé, à l'orée de la décennie 70, les codes de l'époque avec ce songwriting pop novateur. 

Au cours de ces vingt dernières années, Véronique Sanson aura produit une discographie en zigzag. Des réserves d'ici et là au milieu de titres d'une force émotionelle indéniable (Je me suis tellement manqué, J'ai l'honneur d'être une fille, La douceur du danger, Juste pour toi, Qu'on me pardonne, Vols d'horizon) et de concerts au sort aléatoire. Dans les grands soirs, eu lieu cet abandon majestueux dont elle a le secret. Mais des baisses de forme également, des absences parfois gènantes. Et puis il y a eu cette tournée Les années américaines. A nouveau, nous avons vu cet éclat si marquant, cette flamme si intense de la bougie qui brûle sans vaciller. Pas de passage à vide. Enchaînement de dates sans aucune anicroche. Une Sanson rayonnante, libérée et concernée. 

Dignes, dingues, donc...

Cette dynamique se poursuit en studio. Elle retrouve avec Dignes, dingues, donc...une énergie créatrice flambante. Elle ne s'interdit rien. Ni légèreté, ni profondeur, ni férocité, ni gravité. C'est un disque d'humeurs, gorgé d'échappées belles éclatées. De la saveur, de l'allant et même une ironie carnassière. Comme sur ce titre éponyme dans lequel elle se gausse des accoutrements des prélats. blié"Je me promenais en ville/J'ai vu des funambules/Ainsi soit-il/Avec un drôle de style/Des chapeaux ridicules/Bien malhabiles/Tous habillés de rouge/Pour oublier les couches de faux espoirs" Plus loin, au sein d'un refrain carillonnant : "Fais pas ci , fais pas ça/L'enfer te mangera/Dis pas ci, dis pas ça/Tapette sur les doigts" 

Coup de foudre immédiat pour Et je l'appelle encore, hommage déchirant à sa mère disparue. Des cordes raffinées et un piano qui escalade les nuages, c'est son terrain de prédilection. Elle a une réelle longueur d'avance. Qui osera prétendre le contraire ? Sanson, aventureuse et joueuse, ne se contente pas de reproduire ce schéma à l'identique. Elle swingue sur la guitare de Thomas Dutronc (L'écume des jours) fait briller les étoiles en plein jour à travers une samba (Et s'il était une fois) accorde son vibrant vibrato à la gouaille de Zaz pour une conversation jazzy autour de la séduction (Zéro de conduite). La chanteuse revient sur ses addictions complices et traîtresses (Des x et des i grecs) et dresse le portrait d'une femme battue qui finit par éliminer son mari (Docteur Jedi et Mr Kill) Ardente intransigeance et fragilité sincère. Le miracle Sanson. 

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